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Le 5 juin, de Grandrieu (camping) à Paulhac-en-Margeride
Où l’on prend le risque de revenir sur un lieu apprécié en d’autres temps quitte à faire s’évaporer quelques souvenirs et affronter (peut-être) quelques désillusions …
Premier rangement de notre barda après une nuit au camping, comme hier, l’impression d’être submergé par les affaires étalées dans la prairie (et encore il fait beau temps !) est prégnante. C’est beaucoup de choses à plier, rouler, compresser, répartir, ranger, avec quelques tâtonnements et autant d’interrogations (surtout pour moi, Denis s’en tirant bien mieux il me semble), le temps passe, il faudra faire (beaucoup) mieux ces prochains jours.
Camping très agréable au bord de l’eau. Bonne nuit grâce notamment aux draps « anti-bruit » qui entourent le matelas gonflable naturellement chouinant, cette parade qui coute un certain poids supplémentaire fonctionne très bien. Evidemment c’est 50 réveils dans la nuit, mais comme on se rendort autant de fois … le bilan est convenable.
Premier changement de parcours : nous évitons la montée directe à Chams par une piste qui nous semble impraticable (forte pente dès le matin, chagrin …) pour emprunter la route qui offre une montée progressive et une bonne mise en jambe.
Départ du camping
Le Vieux Moulin
Levé 7h07 – Départ 9h30
La trace en bleu ci-dessous indique le parcours prévu.
Ensuite c’est une succession de piste de toute beauté offrant des paysages magnifiques.
Joie suprême : il n’y a plus de motos !
En fait il n’y a plus personne, nous sommes seuls au monde et cela nous va bien.
Nous parcourons ainsi, sur le GR4, kilomètres et dénivelés sans trop de soucis, le sourire aux lèvres et les jambes légères !
Une forte descente – mais roulable – nous mène à St-Préjet-d’Allier, nous longeons un magnifique camping au bord de l’eau et slalomons entre les joyeux pique-niqueurs qui nous ignorent ou nous proposent l’apéro. C’est sympa mais nous avons de la route, alors nous nous engageons le long de l’Allier sur un (très) beau single (très) exigeant, nous parvenons à rouler sur une successions de raidillons au prix d’une moyenne horaire (très) basse, pour arriver jusqu’à une piste en forêt certes magnifique mais là, ça se gâte franchement : 1h20 de poussage, tirage, soulevage, …, c’est infernal, il fait chaud, le poids du vélo chargé est démoniaque, je fais 3 pas, repos, 3 pas, boire, 3 pas … on se croirait sur la crête de l’Everest, sans oxygène. Quelques tentatives de roulage, vite avortées pour moi, une piste pentue mais roulable sur le 46 et à 2km à l’heure et nous finissons par venir à bout de cette grimpette.
Comme le chante le poète : « avec le temps tout s’en va, même … », même les vététistes à bout de souffle.
Après 1h20 de poussage, un final casse-patte pour parvenir au plateau à Pouzas.
Nous parvenons ainsi au village de Pouzas. Pouzas ! c’est plutôt pouzassent les vélos, et pas qu’un peu, nous aurions pu nous méfier.
Ensuite des pistes qui, du coup, semblent débonnaires, et nous rejoignons le GR65 du Compostelle un peu avant Le Vernet. Et là, soudain, une avalanche de marcheurs. Contraste saisissant avec notre solitude caillouteuse de la montée depuis l’Allier.
Nous pique-niquons à 14h confortablement attablés et voyons passer la cohorte des pèlerins. Ensuite un très beau single nous dirige vers Saugues, nous doublons les marcheurs qui nous avaient souhaités bon-appétit, et les autres aussi tant qu’on y est, puisque ça descend fort pour rejoindre Saugues. La plupart nous laissent passer avec le sourire, c’est sympa. Vous me direz, pour des pèlerins la bienveillance est la moindre des choses … heureusement qu’ils n’ont pas entendus nos réjouissants jeux-de-mots, Compostelle oblige, sur le Suaire !
A Saugues, visite de l’église Compostelliènne, nous n’avons pas de carnet à faire oblitérer aussi nous ne nous attardons pas, la ville est emplie de marcheurs, le Compostelle fait marcher les pèlerins et aussi le commerce, de toute évidence.
A la sortie de Saugues, nous quittons les foules du GR65 pour nous engager sur des pistes peu roulantes, fortes montées parfois entre 15 et 20% de pente.
Une draille noyée sous la végétation entrave notre avancée, plus moyen de passer au milieu des ronces, échappatoire par les champs, poussage dans les herbes hautes et les fougères qui s’entortillent dans le dérailleur, Pffuiiii dur, dur …
Le bonheur est un excellent breuvage, plus souvent versé dans des vases de fougère que dans des coupes d’or.
Mémoire de Stanislas 1er, roi de Pologne.
Et bien pour nous la COUPE est pleine et les vases de fougère nous donnent, en cet instant, une sorte de nausée, mais bientôt nous retrouvons des pistes roulantes, bien que encore et toujours montantes (en tout cas dans notre mémoire sélective), et le bonheur, enfoui dans les fougères ou noyé dans les coupes refait surface.
Malgré tout, nous approchons du but. Nous sommes contraint de quitter la trace à 7 km de Paulhac devant l’impossibilité de passer, des barrières, des montées abruptes, etc.
A l’approche de Paulhac nous reprenons le GR, une dernière forte montée et c’est l’arrivée au gîte Au Bon Accueil.
Nous faisons comme chez nous et allons directement dans la grange entreposer nos vélos, puis une bière de récup’, le tenancier n’a pas changé d’un pouce, sa bonne humeur non plus. Toujours aussi cool, et son hôtel/gîte d’étape est resté immuablement dans son jus, et ça nous va bien.
Douche réparatrice puis deuxième bière mi-récup’ (y’a beaucoup à récupérer de toute évidence) mi-apéro (y’a pas de gin-tonic dans cette région du monde).
Nous avons faim et passons à table avec la joyeuse assurance de bien manger, et cela se confirme.
Moralité : pas déçu pour un sous, nos souvenirs (GTMC) et le présent se confondent dans une espèce de collision temporelle où la douce plénitude du contentement, de soi, de l’effort, du parcours, du moment, envahie nos corps et, pourquoi pas ? nos âmes.
Très belle étape variée.
Bonne forme, poussages éreintants, dont celui de l’Allier particulièrement mémorable.
Grand bonheur de retrouver un lieu apprécié il y a deux ans, sans aucune sorte de déception, nous trouvant tels des Ulysse, après un long voyage, goutant la douceur, non pas le reste de notre âge, mais le temps d’une belle soirée, ce qui n’est déjà pas si mal.