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Le 9 juin, de Laroquebrou à Bretenoux via les gorges de la Cère
Où l’on voit qu’il vaut parfois mieux prendre le train que longer les voies.
Pour reprendre le slogan des piles Wonder :
Les vététistes ne s’usent que si long s’en Cère !
Bonne nuit au sec. Cette nuit le ciel était dégagé mais ce matin c’est couvert.
Nous discutons avec Arnault, le gérant du camping, de notre périple et surtout de la suite de nos aventures, nous lui promettons de lui envoyer le lien sur le blog. Il a pour projet de louer des vélos électriques et peut-être de proposer des services aux randonneurs.
Nous le remercions chaleureusement de son accueil et de la miraculeuse salle-au-sec.
Départ de Laroquebrou et début des gorges de la Cère.
Nous passons par le barrage puis nous montons en suivant le GR qui nous mène à l’entrée des Gorges de la Cère.
Par un premier poussage sur un fort raidillon, comme une prémonition, nous nous engageons dans les gorges , nous en sortirons par la sortie de secours 8 km plus loin et 4 heures plus tard …
C’est le temps des contrastes, le sentier est réellement magnifique ET infernal à vélo, impossible de rouler plus que quelques dizaines de mètres grappillées de loin en loin, des poussages éreintants, surtout chargés comme nous sommes, sur des raidillons glissants et diablement pentus, en montée comme en descente, des escaliers, des pierres, des ronces, nous allons de pièges en pièges, le temps passe inexorablement, c’est comme un jour sans fin.
Ce sentier a été créé par les ouvriers qui ont construit la voie ferrée de 1880 à 1891, ils ont d’abord aménagé ce sentier pour pénétrer dans ces gorges, puis ils se sont attaqués à la voie elle-même, 22 tunnels en 5 km …
Ce sentier est très beau, à pied, mais sans position GPS du fait de la couverture forestière dense et des pentes escarpées, nous progressons à l’aveugle, sans avoir aucune idée du temps qu’il va nous falloir pour arriver à sortir de ce … coupe-gorge vélocipédique.
Ni même si nous allons un jour en sortir …
Le sentier est souvent exposé lors des passages à l’aplomb de la voie ferrée, la mousse couvre tout, y compris les innombrables pierres, et les orties n’ont pas été coupées depuis belle lurette. Des racines, évidemment glissantes et traitresses, des arbres en travers du chemin, des rochers obstruant le sentier, … etc.
D’aucuns pourraient trouver que le tableau est noirci pour faire de nous les héros du jour, mais je n’exagère pas, souvent c’est tellement raide que des escaliers ont été aménagés, pousse, porte, tire, souffle, nous sommes les forçats de la voie, juste une horreur !
L’effort et l’incertitude horaire ne nous empêchent néanmoins pas de saluer le travail des ouvriers, autres forçats et pour bien d’autres peines. Quel énorme travail !
Nous passons par le « trou de la Fauvette » qui est un vestige de la « petite » voie qui a permis de travailler sur la « grande » voie, incroyable.
Plus tard, au milieu de nulle part, un panneau indique la présence d’un arrêt facultatif du train, arrêt maintenant désaffecté. En regardant les pentes du ravin qui nous étreint, nous comprenons bien pourquoi cet arrêt est maintenant délaissé, jusqu’en 1941 les voyageurs s’arrêtant (ou prenant le train) ici devaient emprunter à pied un sentier pour le moins escarpé pour aller ou venir de chez eux. Quelle époque !
Plusieurs escaliers plus tard, en montée comme en descente, nous bordons la voie par une petite sente envahie d’orties, de drôles de fils métalliques courent le long de la voie sur des portiques. J’imagine une sorte de télégraphe lorsqu’un panneau nous renseigne sur la fonction de cette installation : c’est une protection contre les chutes de pierre (ou autre tronc d’arbre), si un gros objet tombe sur la voie il va casser un ou plusieurs fils et déclencher quelque part une alarme qui conduira à stopper l’éventuel train roulant sur la voie à ce moment-là.
Nous arrivons à un nouvel escalier, celui-ci est en métal et très, très raide. Une sorte d’échelle de coupée qui conduit à un tunnel pour passer sous la voie ferrée.
Hors de question de porter les vélos dans cet escalier avec les chargements, nous enlevons les sacs des porte-bagages, et passons les vélos l’un après l’autre, en les tenant à deux, l’un devant, l’autre derrière en ayant pris la précaution de les sangler pour offrir une prise à celui qui est en amont des marches et qui doit tenir le vélo arcbouté et plié en deux. Vous voyez le topo ?
Avec précautions nous arrivons à faire descendre les vélos et traversons le tunnel dans l’intention d’harnacher à nouveau les sacs, mais …
Passé le tunnel le seul chemin possible se présente sous la forme de DEUX escaliers, encore plus raides si possible que le précédent pris à la descente, cette fois-ci il faudra remonter pour se trouver à nouveau au niveau de la voie !
Probablement la porte des enfers devant nous sous la voie de chemin de fer.
Bis repetita mais en montée, faut varier les plaisirs. Nous pestons et regrettons de ne pas avoir traversé la voie par les rails, lorsqu’un train passe, il sera suivi un peu plus tard par un autre. Une fois arrivés en haut après une bonne suée, nous trouvons une passerelle qui enjambe la rivière et nous permet de passer sur l’autre rive où se poursuit le GR. Nous remontons les sacs sur les porte-bagages et traversons.
Bien entendu, c’eût été dommage que notre calvaire s’arrêta ainsi, le sentier emprunte un énorme mur pour monter un peu plus haut sur la rive droite. Impossible de pousser, trop dur, les sacs sont à nouveau déposés et portés sur le dos et les vélos sont hissés tant bien que mal jusqu’à une sorte de plate-forme/carrefour de pistes.
A gauche le GR continue par une piste qui vu d’ici à l’air roulante, à droite une autre piste monte fort pour atteindre le plateau. Nous consultons la carte puisque c’est la première fois depuis le départ que nous pouvons avoir un positionnement sûr. La suite du GR à l’air engageante mais pour combien de temps ? L’heure, la fatigue morale aussi bien que physique, et l’incertitude quant à l’état du sentier pour la suite nous amènent assez rapidement à renoncer à poursuivre le GR pour se coltiner l’issue de secours : la piste pentue mais presque roulable qui va nous sortir de ce piège.
Jusqu’au bout sans jusqu’auboutisme !
Il est 15h, nous mangeons un morceau (délicieux pâté végétal aux tomates, acheté en solde au magasin bio d’Aurillac) avant d’attaquer la montée. Quelques tranches de pain avec et voilà tout notre pique-nique riquiqui.
Un petit poussage dans la montée et nous voilà arrivés à la route, fort passante.
Nous décidons tout de même de l’emprunter sur quelques km pour couper au plus court, il nous reste 40 km avant Bretenoux.
Ce bout de nationale est un super stress, des camions lancés comme des fusées se croisent, c’est glaçant, nous serrons les fesses et le bas-côté et, délivrance, au bout de quelques km nous quittons la nationale pour de petites routes vallonnées puis une longue, très longue descente, réfrigérante, nous conduit à Laval-de-Cère et le débouché des gorges.
Bien entendu au cours de cette folle descente rapidement avalée, nous regrettons tout ce beau dénivelé négatif qu’il aurait été intéressant de parcourir sur des sentiers, mais les impératifs de l’étape laissent peu de place à la mélancolie.
D’ailleurs nous abandonnons la trace prévue pour rejoindre directement et tranquillement Bretenoux.
Arrivés à Bretenoux, bourgade animée, nous faisons les courses chez Lidl (qui est en passe de devenir notre enseigne favorite !). Quel contraste entre les heures passées complètements seuls au monde dans les gorges et la foule du supermarché …
Comme nous ne sommes pas des sauvages et que la vieille ville est charmante …
… nous en profitons pour faire un arrêt bistrot dans une fort belle place médiévale, un peu gâchée par les voitures en stationnement.
Retapés par notre parcours routier express, on s’offre une bouteille de Saint-Emilion pour le dîner et nous roulons quelques kilomètres de plus pour rejoindre le camping à la ferme à Lasfargues, préféré au camping 4* de Bretenoux, supposé plus clinique et sans charme.
Les avis internet plébiscitent ce camping à la ferme, l’accueil de la propriétaire est charmant et une prairie ombragée nous tend les bras. On s’installe tranquillement, la fatigue du jour s’estompe. On dégotte un banc pour gouter la douceur de fin d’après midi.
La dame du camping vient nous voir avec un agneau prématuré (il n’a pas encore de dents) dans les bras, elle est obligée de le nourrir au biberon, s’il ne tette pas rapidement il va mourir car son estomac doit se former au lait sous quelques jours.
Denis le prend dans ses bras à la grande joie de la dame, je refuse obstinément, à la grande déception de la même dame.
C’est vrai que ce camping est très sympa, les sanitaires sont vraiment sales, avec une mention spéciale au micro-ondes, véritable palimpseste de (plusieurs) saisons de repas.
Mais s’il faut privilégier l’accueil et l’Ôthentique à la propreté, le choix en l’occurrence est vite fait.
Nous nous promettons de revenir un jour dans ces gorges, mais pas en vélo, ça doit être chouette de le parcourir puis de faire le retour en train.
O tempora, o mores …
Dîner, Saint-Emilion remarquable, dodo !
Etape de contraste effectuée d’abord au ralenti dans les gorges de la Cère puis rapidement par la route pour rejoindre Bretenoux.
Contraste aussi entre la difficulté physique et morale des gorges et la délivrance qui suivie …
Les gorges de la Cère sont certes magnifiques … à pied, en VTT chargé c’est juste devenu infernal au fil de la journée qui semblait s’éterniser.