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Le 23 juin, de Bidarray à St-Jean-de-Luz via le col d’Espalza et le GR10
Où l’on voit que, si tous les chemins mènent parait-il à Rome, le GR10 lui mène au paradis en passant par l’enfer …
Levé 6h30 pour un départ à 7h38, le beau temps est de retour, nous prenons le petit déjeuner au gîte d’étape, puis c’est le départ.
Nous avons essayé de ne pas faire trop de bruit pour nous préparer, foutaise, les randonneurs nous ont précédés et, comme dans tout refuge, même avec la meilleure volonté ce n’est pas la discrétion qui domine.
Après les fortes averses d’hier, c’est le retour du beau temps, mais pas tout de suite.
C’est là que tout s’est joué …!
Départ jour 20 : dissipation des brumes matinales et en route pour le (pont) d’enfer.
A la sortie du gîte un quidam bien intentionné nous indique un petit sentier pour quitter Bidarray, c’est vrai que la descente est sympa en VTT, mais on jardine un peu pour retrouver la trace prévue, on remonte vers le GR et … nous loupons la descente vers le Pont d’Enfer qui normalement aurait dû nous permettre de traverser le torrent Le Bastan et de pouvoir enquiller la piste nord pour monter au col de Mehatse par un truc long et probablement fastidieux mais possiblement roulant.
Nous traverserons bien Le Bastan, mais trop haut, et ce fut plutôt La Baston !
De fait nous ratons le Pont d’Enfer et rattrapons la route qui longe le torrent trop en amont, un autre pont nous permet de traverser Le Bastan, nous confortant dans notre erreur, erreur qui ne tarde pas à nous apparaître pour ce qu’elle est : un piège.
Ayant déjà gravi un dénivelé non négligeable, nous poursuivons vers Harruixea et le pied de la montée par le GR10.
Sur la carte ci-dessus, en bleu le trajet suivi par le GR10, les flèches oranges indiquent le tracé prévu par la piste contournant par le nord le col d’Espalza.
En quittant la route, les premiers mètres du GR posent bien le cadre : nous allons en baver.
Après un premier ressaut où je vitupère sévère, un replat nous permet de faire le point : j’exprime clairement mon désaccord pour poursuivre sur le GR, trop dur, trop dangereux.
Denis ne partage pas mon point de vue, use d’arguments fallacieux (genre t-es-pas-cap, c-est-pas-si-dure, etc.) et la petite portion de sentier devant nous, si elle ne lui donne pas raison, du moins ne lui donne pas tout à fait tord et ne m’aide pas à le contredire.
Est-ce un abus de faiblesse ou le secret désir d’en baver ? Toujours est-il que Denis l’emporte et nous poursuivons, que dis-je, nous nous obstinons dans notre option version kamikaze.
Plus tard, beaucoup plus tard, un ou deux mois plus tard, Denis finira pas avouer que, même si tout s’est au final passé, sinon sans souffrir, du moins sans encombres, ce fut une belle erreur de poursuivre, nous allons voir pourquoi.
Rapidement le sentier ne permet aucun poussage, je ne parle évidemment pas de rouler, cette option ayant été abandonnée dès les premiers instants. Le profil se redresse, la pente et le devers s’accentuent, la largeur du chemin se rétrécie drastiquement, des marches voire des ressauts rocheux se présentent de plus en plus nombreux, et pour finir des câbles pour aider à passer les passages les plus scabreux !
Ce n’est pas simplement physiquement difficile, c’est, disons, engagé.
Nous croisons de vaillants randonneurs, le plus souvent ils descendent, tandis que nous montons, donnant l’impression de le faire en tout cas.
Les réactions sont diverses, après le premier instant de surprise passé, nous avons droit à : « qu’est-ce que vous faites là » (comprenez : vous n’avez rien à y faire, et c’est vrai que nous prenons de la place avec nos machines sur le dos, les croisements ne sont pas aisés …), plus rarement à « quel courage » (comprenez : vous êtes dingues), parfois à des mouvements d’humeur, d’autre fois à des avertissements du genre « le pire est devant vous », …, bref un florilège de réactions qui ne nous émeuvent pas plus que ça mais qui ne sont pas toujours agréables à entendre alors même que la bagarre physique et psychologique contre ce sentier est engagé. Il faut dire que nous sommes en train de monter un truc, avec nos VTT sur les épaules, que certains de ces marcheurs ont du mal à descendre !
La plus belle réaction : un randonneur manifestement à l’aise dans sa descente prend le temps de discuter et après avoir prodigué quelques encouragements, nous demande « et l’intérêt ? ». Bonne question. La réponse : de monter au col, semble évidente mais peu compréhensible, pour profiter d’une descente d’enfer aurait pu faire l’affaire, faute d’explications plus intimes, façon Lionel Terray et ses conquérants de l’inutiles.
La plus utile : un autre randonneur, à l’aise aussi sur ses appuis, nous encourage, sans jugement, et nous informe du reste à parcourir.
Il semblerait que plus les marcheurs étaient à l’aise et plus ils étaient enclins à comprendre l’incompréhensible, c’est à dire notre improbable présence en ces lieux avec des vélos.
Inversement, plus ils en bavaient dans leur descente, et plus leur agressivité croissait.
En cours de route, un peu avant les premiers câbles, une (très) forte odeur nous assaille, un animal mort depuis un certain temps est en train de pourrir tranquillement au bord du sentier, il faut presque l’enjamber pour passer. Savez vous qu’il est tout de même assez compliqué de : porter son VTT, s’accrocher comme on peut au terrain ET se boucher le nez ?
Moralité : tant pis pour le nez.
Bien entendu, s’engager sur ce GR n’était pas la décision la plus sensée du périple.
Nous l’avons fait, mis à part une belle suée et quelques sueurs froides, rien de vraiment désagréable ne nous est arrivé, ce n’est pas une justification et certainement PAS un appel à nous imiter !
Dénivelé positif : 600 m, distance sentier 2km, durée ascension 3 heures.
Pour résumer : c’est pas roulant ! Et encore moins avec des chaussures de VTT (avec des cales donc) aux pieds.
Comme toutes les bonnes choses ont une fin, l’ascension du col aussi. Plus ou moins dans la bonne humeur … comme le montre cette vidéo.
La vue du col est sublime, des touristes ou des marcheurs viennent ici depuis le col de Mehatse (accessible en voiture) pour venir admirer le panorama, ils ont raison.
Denis à l’air content, c’est le principal !
Les plus perspicaces ont repéré l’inscription :
« sentier escarpé » !
C’est vraiment beau, il est vrai, je le concède.
Nous en avons terminé avec le portage, nous récupérons un peu, admirons le paysage puis, montons, enfin, sur nos vélos vers le col de Mehatse et la suite de l’étape par le GR10.
Nous descendons d’abord par la route du col (qui s’arrête au parking du col et ne va pas plus loin) puis par un petit sentier bien coriace et épineux à souhait qui nous mène au Col des Veaux. Ensuite, toujours sur le GR10, et par un beau sentier en balcon, bien épineux aussi, nous atteignons le col de Zuharretako Lepoa.
Un regard en arrière permet de contempler notre cheminement depuis Mehatse, c’est chouette de rouler dans ce cadre grandiose, c’est chouette de rouler tout court après cette matinée … laborieuse.
De grosses bosses puis nous arrivons au Col des Trois Croix.
Le GR10 descend sur Ainhoa pour ensuite se diriger vers Hendaye. Nous le quitterons ici pour récupérer vers le Col de Pinodieta le GR8.
Il est temps de manger un petit morceau (plus ou moins) à l’abri du vent avant d’attaquer la descente, par le GR8, vers La Nivelle et le Pont d’Amotz.
Depuis le col, beau panorama sur la fin de l’itinéraire et, au loin, l’Atlantique.
Au loin aussi, mais pas si loin, les trainées de pluie sous les grains que nous allons devoir traverser (ou subir) avant l’arrivée.
Cette étape est comme un concentré de Pays Basque, la montagne escarpée, la mer, les grains, le soleil, les lourds nuages …
Du VTT sympa sur le GR8, quelques montées aussi.
Nous croisons de drôles de machines, des sortes de vélos couchés à quatre roues, propulsion électrique pilotés par des manettes façon jeu vidéo … au moins ce ne sont pas des quads !
Encore de grosses bosses, nous abandonnons le GR8 pour suivre un itinéraire perso jusqu’à Ascain. Dans la descente depuis le haut du village, dans une rue étroite une voiture surgie d’un virage serré, en plein milieu, ou plutôt non, carrément à gauche donc en face de moi.
heureusement que je m’étais méfié et avais vraiment frôlé le mur à ma droite, le périple aurait pu s’arrêter là, face à un abruti d’automobiliste. Il n’a même pas du s’en rendre compte : qu’est-ce que c’est qu’un pauvre vélo ? Il continuera sa conduite irresponsable, il ne le sait pas, parce qu’on parlerait d’accident, mais c’est un assassin.
Entre temps nous avons mis nos imperméables, roulé sous les grains, retiré nos imperméables, roulé sous un soleil timide puis franchement chaud, remis nos petites laines, …, bref la routine basque.
Une longue partie plate et très roulante, parfois jolie le long de La Nivelle nous enmène vers le littoral. Ca sent bon l’écurie, la fatigue se fait oublier, nous moulinons comme des bêtes et bientôt les faubourgs de Ciboure, nous nous engageons sur le pont qui franchit l’estuaire de La Nivelle et là : c’est le panneau tant attendu, Saint-Jean-de-Luz.
Nous demandons à des passantes d’immortaliser ce moment, ce qu’elles font avec le sourire. Nous aussi !
Nous avons rendez-vous sur la plage avec les filles, la traversée de St-Jean-de-Luz se fait comme dans un rêve, nous semblons flotter sur le bitume et bientôt voici la baie devant nous.
Les filles nous attendaient sur la plage principale, mais une alerte au coup de vent a chassé les baigneurs, elles nous attendent sur une petite plage en bout de baie, cela vaut probablement mieux, deux loustics à VTT débarquant sur la plage huppée entre deux cabines de plage, la bouteille à la main, sapés comme des milords ou des ostrogots …
Comment dire ? Je vous laisse juge. De toute façon la bourrasque, bien réelle avec des rafales annoncées à 120 km/h, a vidé la plage, et cette soudaine intimité océanique nous va bien.
Et puis l’apothéose, champagne s’il vous plait !
Après ces réjouissances, nous reprenons les vélos (si, si, absolument) et allons faire les courses pour l’apéro de ce soir. Comme on dit au foot, la victoire aide à la récupération.
Puis douche à l’appartement (très bien placé), apéro du coup, petite promenade sur le remblais en bord de plage, et pour finir direction le restaurant « Le Bar Basque » rue Thiers, chaude ambiance et serveuse outrageusement féministe (et drôle !), professionnelle et rigolote dans son rôle de croquemitaine des hommes imbus d’eux-mêmes, ce que nous ne sommes pas, je pense, mais allez, va, nous faisons semblant de l’être pour ne pas gâcher la pièce.
Apéro (bis) dont nous rêvions sur nos bicyclettes : un Gin Tonic avec gin de chez Brana (le pape de l’Irouléguy), légèrement épicé au piment d’Espelette, madré de dios …
Nous passons une magnifique soirée, le final de ce périple aura été à la hauteur de nos espoirs, de nos attentes, des émotions, du beau VTT, une arrivée rêvée … c’est chouette, et nous sommes heureux de partager ces moments avec Florence et Sylvie.
Le lendemain après une petite balade dans St-Jean-de-Luz, nous reprenons la route, fin du périple ! Ce fut vraiment une belle aventure, les copains se demandaient, comme nous étions deux, qui avait gagné ce qu’il pouvait supposer être, sinon une course, du moins un enjeu de compétition.
C’est ma fille qui a trouvé la bonne réponse, qui a gagné ? La fraternité !
Magnifique étape très physique, une apothéose.
Bonnes sensations la fatigue en arrière plan avec la ligen d’arrivée en ligne de mire.
VTT très agréable, panoramas magnifiques, un final de rêve.